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Convi'pub

Le nouveau récit du groupe de pionniers du 22 mars 2023

Extrait d’une interview d’un journal de 2030 : les pionniers des Convi’pub racontent le récit de ces lieux de convivialité qui ont fleuri de toute part ces dernières années.


Nous voici en 2030, les tiers-lieux pubs sont devenus la norme dans chaque quartier, et on peut dire que vous avez été des moteurs dans leur création, d’où vous est venu cette idée ?

Cette histoire est assez surprenante, en réalité on ne se connaissait même pas avant d’avoir l’idée de ce projet. C’est lors d’un atelier de La Fresque des Nouveaux Récits que cette idée a mûri petit à petit.
En effet, on souhaitait travailler sur une norme sociale qui nous posait problème : la profusion des contenus, et assez-vite, l’envie et la nécessité de créer davantage d’expériences de convivialité nous ont semblées évidentes.

C’est pourquoi en 2024, c’était un 20 mai je crois, nous avons lancé le premier conseil des habitants dans un quartier de Toulouse, afin de vraiment comprendre de quoi avaient besoin les habitants, et de quoi ils rêvaient aussi !

A quel moment a eu lieu le premier Convi’Fest ?

En 2025, on avait passé deux ans à écouter les envies et les besoins des habitants du quartier, leurs frustrations par rapport à tout ce temps de vie « perdu » derrière leurs écrans qu’ils n’avaient pas vu passer, leur sentiment d’être de plus en plus « seuls ensemble », isolés malgré toute l’interconnexion que le numérique promettait…

On n’avait pas encore les moyens d’ouvrir un lieu permanent, alors on a décidé de commencer par un festival de trois jours, le temps d’un long weekend. On a proposé aux habitants de ne pas travailler le vendredi, de faire une semaine de 4 jours et de profiter d’un long weekend pour rencontrer leurs voisins. Ils se croisaient tous les jours mais pour la plupart ne connaissaient pas leurs prénoms.
Au programme : cours de permaculture, concert de musique amateur, crêpes, bière locale, … C’était le premier Convi’Fest et c’était génial ! Les retours ont été extrêmement positifs. Mais quelques personnes nous ont confié que ça aurait été encore mieux si les téléphones étaient restés à la maison. Alors ça nous a donné une idée.

C’est pour ça que vous avez ouvert le premier Convi’pub en proposant des pochettes magnétiques ?

Tout à fait.

On a obtenu des subventions de la ville et de la région pour ouvrir le premier Convi’pub. Et on a décidé de proposer aux habitants, au-delà d’un espace de convivialité, une expérience assez inédite dans un quartier urbain.
A l’entrée du pub, on donne aux habitants une petite pochette magnétique dans laquelle ils peuvent glisser leur téléphone, ce qui le met hors réseau.

Résultat : plus de sonneries, plus de conversations entrecoupées, plus de recherches pour vérifier chacun de ses propos. Les rapports sont devenus tout de suite plus vivants, plus joyeux, plus authentiques. Ça nous a fait un bien fou, d’être vraiment ici et maintenant, sans que les contenus d’ailleurs viennent nous déranger. Le concept a vite séduit.

Mais comment en êtes vous arrivés à développer ces lieux protéiformes proposant autant de services ?

L’évolution a été très naturelle. A partir du moment où les habitants ont redécouvert la joie simple de se rencontrer, d’organiser des rencontres et des évènements conviviaux, l’envie d’entraide est apparue.
Partager des repas, partager ses connaissances en permaculture, en réparation. Faire de la musique ensemble. Tout cela s’est organisé de façon très naturelle.

De fil en aiguille, nous avons mis en place des dons de services pour favoriser l’entraide générationnelle, ainsi qu’une monnaie locale qui a permis l’échange de service de façon positive sans avoir besoin de lui appliquer une logique de rentabilité.

Avez-vous été surpris par la proposition du président Giraud, au lendemain de son élection, d’accorder un statut et une autonomie de gestion à ces lieux, déconstruisant ainsi un héritage démocratique vieillissant ?

Nos tiers lieux ont toujours été pensés dans un esprit démocratique et participatif. Ils sont progressivement devenus l’épicentre de la transformation des quartiers, mais aussi des habitudes de vie des populations qui habitent à proximité.
L’interdiction des écrans, par exemple, qui a fait polémique au début, a montré l’importance de la reconstruction du lien social. Il semblait naturel que le pouvoir politique reconnaisse la grande marche impulsée par ces dynamiques de quartiers.