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"Hey ho, hey ho, on sort du coma!"

Le nouveau récit du groupe de pionniers du 29 juin 2022

Tu vas jamais me croire Sylvie ! C’était fou. Tu sais le lendemain de la Fresque des nouveaux récits qu’on a fait en ligne avec Damien en super animateur, tu nous avais quitté juste avant la partie 2 et là, une créativité de fou nous a emporté et on a décidé de se lancer dans le projet Agriculture Paysanne pour 2030 !

On a d’abord fait avec les moyens existants à notre portée : les fresques, pour favoriser la prise de conscience de nos concitoyens notamment dans les supermarchés mais aussi en ligne et notamment à des moments clés tels que les soldes. On faisait des megafresques et on a eu de la chance d’être très vite accompagné d’un réseau d’écoles de journalisme et leurs alumnis qui avaient besoin de trouver du sens au quotidien et à la sortie de l’école. 

Au début, les supermarchés ont voulu nous fermer les portes et puis ils ont vite vu que ça n’allait pas être possible, la médiatisation étant tellement forte…

Petit à petit, les naturopathes, les nutritionnistes, les écoles d’agro, les cuistots et leurs commis, les agriculteurs déjà convaincus ou nouvellement convaincus, les médecins, les entreprises agroalimentaires précurseuses, les pharmaciens, les herboristes et j’en passe, se sont ralliés à notre cause pour former un gigantesque réseau que l’on a commencé à organiser pour qu’il continue sa croissance exponentielle.

Aussi, terminé maintenant, d’aller acheter au supermarché, de remplir à ras bord son gros caddie avec des articles produits sans respect n’importe comment, n’importe où dans une terre sans vie.

La majorité des personnes prend son panier, son petit filet et file rencontrer son producteur ou le groupement de producteurs qui vendent de jolis fruits, de jolis légumes, des denrées alimentaires produites avec amour et respect.

Les agriculteurs ont compris!

On divise les grandes parcelles en petits terrains, les petits jardins sont de retour. On cultive différemment un peu de tout, à différents niveaux dans une terre vivante et fertile, comme elle l’est naturellement.

Les grands magasins, supermarchés, hypermarchés sont obligés de revoir leur modèle de fonctionnement ou ils ferment. Zut alors!

Le petit commerce de quartier, local est de retour et il fait la part belle aux rencontres, à la convivialité.

Tout ceci est accompagné par une force vive, un élan logistique qui prend soin de cette production à l’échelle …Et qui se développe pour s’imposer à l’échelle nationale.

Cela a tellement bien marché notre histoire qu’en 2027, un réseau de coopératives territoriales s’est créé à l’échelle française avec un partage des connaissances et une entraide. 

Face à cette montée de l’agriculture paysanne, l’État (enfin de la démocratie !) a dû se plier à la volonté du peuple, notre volonté. La PAC a été modifiée au niveau européen et il a été inscrit dans la loi que le modèle d’agriculture paysanne était la nouvelle norme et l’interdiction de la monoculture et de l’usage de substances nocives pour le vivant.

L’Europe a pris le pas également et les firmes de “l’ancien monde” (Monsanto, etc.) ont eu l’obligation d’utiliser tous les gains accumulés pour financer le “nouveau monde agricole” ou plutôt devrait-on dire le retour au bon sens !  Le ministère de l’éducation a alors mis en place dans la foulée une journée par mois dans les écoles, consacrée à la découverte des espèces cultivées, des pratiques de jardinage mais aussi d’apprentissage de recettes végétariennes et de saison! Incroyable non !?

Les lois de 2028 et la réforme de la PAC ont continué à faire bouger les lignes. Des citoyens et agriculteurs réfractaires au changement se sont laissés convaincre qu’un autre monde est possible. 

La loi Abeille votée par la démocratie a catalysé la fin de beaucoup d’exploitation intensive. 

Et oui depuis janvier 2029, la loi oblige à intégrer le respect du vivant, de la biodiversité et des ressources dans nos choix agricoles, industriels et politiques. Certains territoires en avance ont déployé leurs actions dans d’autres régions, la coopération est dans toutes les bouches, dans toutes les équipes de travail, on s’entraide, on use de bon sens pour restaurer le vivant. 

Dans les écoles, les cantines d’entreprises on mange local et végétarien, tout le monde participe un peu à la souveraineté alimentaire, c’est devenu normal de mettre les mains dans la terre!

Sylvie, je sais que c’est difficile d’avoir loupé 8 ans dans le coma mais tu vas voir, le monde a changé. De la fourche à la fourchette, on s’est reconnecté au vivant, on oeuvre avec plutôt que de lutter contre. Et aujourd’hui, il ne reste plus que quelques réfractaires à croire à l’ancien modèle! Il reste beaucoup à faire mais je suis heureuse de te dire ma chère Sylvie que le statu quo à changé !