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Ministère des Biens Communs

Le nouveau récit du groupe de pionniers du 22 décembre 2022

En 2032, Jeannine nous raconte comment elle a milité à son échelle pour faire interdire la publicité et les arguments capitalistes auxquels elle a dû faire face à l’époque. 

Elle explique aux plus jeunes qu’il y a encore 10 ans, la sécurité sociale alimentaire n’existait pas et que chaque individu devait tenter d’acquérir de quoi survivre avec de l’argent. Les plus jeunes la regardent les yeux écarquillés : inconcevable pour eux que subvenir à ses besoins primaires soit tributaire de l’argent possédé !

Revenons quelques années en arrière.

Le 22 décembre 2022, à l’occasion d’une “Fresque des Nouveaux Récits”, Jeannine a décidé de renoncer à la propriété individuelle de sa maison. 

Ses enfants sont désormais à l’abri du besoin, elle va vieillir et ses capacités à entretenir sa maison vont diminuer. La maison va se dégrader. 

Mettre son bien en commun permettra à d’autres familles d’avoir un logement et un jardin. Ceci permettra en retour la mutualisation de biens et de services (moyens de déplacements, énergie, …).

Mais pour permettre à la maison d’accueillir plusieurs foyers, il faut pouvoir réaliser des aménagements. Jeannine va donc rencontrer les élus de sa commune et propose de prototyper un nouveau modèle de “viager public” : une “rente” pour Jeannine contre l’usage du bien et les aménagements pour réaliser l’habitat partagé. 

Dès 2024, après une phase de test au cours de laquelle la commune devient propriétaire du bien et du foncier, le système de partage de biens communs est étendu à un parc de mobilité, des jardins et des équipements collectifs (cuisine, local pour activités culturelles, …). On se dirige vers l’autonomie énergétique de la commune avec un parc solaire & éolien. 

Le modèle fait rapidement des émules et de nombreux acteurs (collectivités publiques, monde associatif, …) poussent au changement d’échelle pendant plusieurs années. Pour sécuriser le modèle économique, une loi sur le “Viager public” est adoptée pour l’habitat mais également pour les exploitations agricoles et autres entités de production … 

La question des communs est interrogée au-delà de la propriété foncière pour permettre un projet de société fondé sur le partage et la coopération, avec une mise en cohérence de toutes les politiques publiques (Urbanisme, Economie, Culture, Education, …) 

En 2030, un ministère des communs est installé. Ce ministère manage les autres ministères. Un comité des sages analyse l’ensemble des propositions du gouvernement au regard de leurs conséquences sur les biens communs. 

Cette année on fête les 10 ans du projet pilote avec Jeannine ! 

Alors que le viager public est devenu la norme, les anciens jeunes d’XR, aujourd’hui au gouvernement ont enfin pu réaliser la promesse du président de la république en 2017 : “plus un seul sans abri à la rue”.

Les viagers publics ont également permis de casser cette course à la réussite qui passerait par la propriété d’une maison, d’une voiture et d’autres biens. 

Les consciences ont évolué et seul l’usage est une préoccupation. Libérée de ses anciens besoins de possession, l’immense majorité de la population a pu reconsidérer son rapport au travail ; travaillant moins, les gens s’investissent dans des communs au quotidien … tels que l’entretien du potager du quartier, la participation à des ateliers de réparation du parc de véhicules partagés, la confection de plats pour des repas conviviaux entre voisins, les petits chantiers collectifs comme celui de la fresque participative sur la façade de la mairie, …

L’interdiction de publicité dans l’espace public a également été un élément déterminant dans ce virage pris il y a dix ans.