L'important, c'est de participer

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Le nouveau récit du groupe de pionnier·es du 26 janvier 2024

Nous sommes à Grenoble en 2030. Les Jeux Sylvestres ouvrent leur cérémonie d’ouverture par le discours de trois jeunes issus du tissu local, sans qui les Jeux auraient un tout autre visage :

Camille, jeune espoir de l’équipe de hockey de Grenoble

Notre histoire commence il y a 6 ans. Grenoble, cuvette de l’Isère subit des pics de chaleurs extrêmes, la ville dépasse les seuils de pollution, et accumule les catastrophes climatiques dans la région (éboulement, inondations, fonte des glaciers….) : l’arrivée des JO n’est pas bien accueillie par les habitants qui ne sont pas d’accord avec les conditions de réalisation classiques de ces jeux (coûts économiques exorbitants, main d’œuvre étrangère, impacts sur l’environnement alpin pour construire remontés mécaniques, apport de neige…). 
J’étais le capitaine de l’équipe locale de Hockey, jeune espoir qui allait participer pour la première fois aux JO, et sensible à ces questions. Je réalisais mon rêve de participer aux Jeux, mais je ne souhaitais pas que cela détériore l’environnement.

L’adage des jeux, « l’important c’est de participer » perdait soudain son sens. Participer, oui, mais qui ? Seulement les sportifs ? Comment ? En détruisant la montagne qui nous permet ces loisirs ? Et pourquoi ? Pour être le meilleur ? Pour être reconnu ?
Je voulais réinventer la manière de faire du sport. Je souhaitais que sa pratique soit en harmonie avec son territoire et avec les autres.
Une nuit, j’ai imaginé un plan d’action puis j’en ai parlé à mes coéquipiers. Motivés, nous obtenions un RDV avec le maire afin de le présenter. Tout comme nous, il avait l’ambition de repenser les jeux en accord avec le Vivant en impliquant toutes les parties prenantes du territoire de manière intégrée, pour un vrai projet de Territoire. Pour transformer les jeux, il nous fallait déjà transformer la ville.
Dès 2025, plusieurs actions co-construites ont vu le jour. Elles permirent de repenser progressivement nos modes d’habitat, d’alimentation et aussi de lancer une véritable économie circulaire, repenser l’habillement et la réduction de nos déchets…

Dans quelques jours, les yeux seront tous rivés sur Grenoble pour ces jeux : c’est à nous de montrer que cette ville peut être un exemple pour l’ensemble des villes du pays. Nous portons également avec joie l’ambitieuse approche d’une pratique sportive motivée par le plaisir d’en faire, sans chercher à être au-dessus des autres, que l’on peut agir ensemble pour gagner ensemble, tout en prenant soin de notre environnement.”  

Tania, collégienne de l’agglomération de Grenoble

“A la rentrée scolaire 2025, avec mes camarades, la direction de mon établissement et les habitants de Grenoble et des communes alentours, nous avons réfléchi ensemble à l’imagination de nouveaux Jeux Olympiques d’hiver. Il nous a fallu déconstruire les clichés associés au sport de haut niveau, à la performance et au nationalisme et les remplacer par de nouvelles valeurs, associées à notre territoire et aux êtres vivants qui le constituent.
Les fameux « Jeux Sylvestres » ont vu le jour petit à petit, grâce à des réunions, des débats et des projets en classe. Pendant deux ans, nous avons imaginé de nouveaux sports, de nouvelles règles et une nouvelle organisation de ces jeux. Les athlètes pouvaient toujours représenter leur pays, mais ils pouvaient aussi représenter des espèces animales ou végétales. Un logo a été dessiné : une étoile entourée de sapins. Des sports existants ont été adaptés, comme la course d’orientation ou le lancer de rondins. D’autres ont été créés, comme le championnat du meilleur cri d’oiseau. Grâce à l’influence de Camille, j’ai réussi a mobilisé toute la communauté internationale de la recherche qui s’est associée à nos forces locales afin de mettre au point une nouvelle patinoire avec un matériau supraconducteur qui évite d’avoir recours à de la glace. 

A l’approche des Jeux, le Comité International Olympique s’est inspiré de certaines de nos propositions, notamment notre mode de décompte de points. La performance n’entrait plus seule en ligne de compte : il a été décidé que les modes de transport, l’attitude, le fair-play apporteraient des points et que les élèves des écoles en seraient les juges. 

Nous sommes aujourd’hui témoins avec émotion de l’export de notre modèle dans d’autres villes, pour réinventer leurs sports comme à Brest avec le championnat international de pédalo en double mixte !”

Ahmed, couturier concepteur des nouveaux maillots des athlètes français

“Bonjour, je m’appelle Ahmed, je suis né en Jordanie et je suis arrivé en France en 2018. Je travaille depuis 2021 comme couturier prototypeur dans le groupe Millet-Lafuma-Rossignol qui m’a formé. Lors de ses vœux aux employés de janvier 2025, notre directeur nous a informé du mouvement autour de ce que l’on appelle maintenant les Jeux Sylvestres. Il nous a partagé l’envie  d’engager l’entreprise dans un nouvelle stratégie orientée plus vertueuse, notamment en coopérant dans l’organisation de ces Jeux. 

Un an plus tard, j’ai pu monter un atelier de créativité autour des futurs vêtements des athlètes français, qui a permis de définir les grands axes de conception : nous avons choisi de travailler seulement à partir de textile existant récupéré sur le territoire, tout en mobilisant les compétences de partenaires dans un rayon de 200km. Nous avons impliqué des groupes scolaires dans le processus de conception et de fabrication, ce qui leur a permis d’apprendre en faisant, avec des connaissances théoriques (géométrie dans le patronage, mesures physiques et laboratoire dans la caractérisation des gisements textiles, fabrication, design / choix des couleurs, modélisation 3D…). C’était passionnant de travailler avec ces enfants ! 

Cette démarche a également permis de créer des ateliers de fabrication locaux employant aujourd’hui 300 personnes ainsi qu’un centre de formation. Elle contribue également au dynamisme de la mode de seconde main partout dans le monde grâce au rayonnement apporté par les Jeux. 

Aujourd’hui, je suis très fier de voir les athlètes porter nos créations. Je suis encore plus fier de l’impact qu’a eu notre initiative sur la jeunesse, la vie économique, et tous bénéfices écologiques que cela a engendré. Je ne me suis jamais senti aussi intégré et avec de si belles relations que depuis que je me suis engagé dans ce projet.”

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