Un Dim’anche sans voiture

LinkedIn
Facebook
Twitter

Le nouveau récit du groupe de pionnier·es du 17 octobre 2023

Dim : Maman, papa, je ne veux pas dormir. Expliquez-moi l’autopartage. La maîtresse, elle n’a pas voulu expliquer.

“Ok. Alors, Dim, ferme les yeux.
L’auto-partage c’est un mot un peu compliqué, mais par exemple dans notre immeuble on a une voiture pour tout le monde. Ça veut dire qu’on prend la voiture avec Madame Pouli, la voisine qui est un peu sourde. Avec ton amie du premier étage, tu sais, Zoé, et aussi avec Steve qui vient te récupérer tous les jeudis. Alors une voiture pour tout l’immeuble, ça implique un petit peu d’organisation, de coordination pour faire les différentes sorties. Donc par exemple, si Steve va en randonnée un dimanche, il peut nous proposer de venir avec lui, ou alors il peut proposer à Dani aussi, notre autre voisine.
Et puis cette coordination, en fait, on la fait à toutes les échelles, pour les courses et puis pour le travail. C’est le début de la mise à disposition commune des voitures et des véhicules.”

Dim : C’est quoi la mise à disposition commune, pourquoi on fait ça ?

“Et bien tu m’as donné des exemples en fait. Tu as des copains et des copines qui ont décidé de ne pas avoir de voiture dans leur immeuble. Et bien c’est super ! On peut mettre en place d’autres mesures pour leur permettre de se déplacer facilement et pour que ce soit agréable.
Donc en ville ou pour les petits déplacements, ils peuvent utiliser leurs pieds, ça c’est chouette les pieds, ou alors se déplacer en vélo.”

Dim : C’est vrai que c’est chouette les pieds ! Et pour aller plus loin ?

“Et bien pour aller plus loin, ou quand ils se déplacent avec des choses un peu lourdes, ils peuvent utiliser le tramway. Et pour faciliter encore plus et encourager ces déplacements, nous avons monté une équipe qui vient de convaincre la mairie de mettre en place la gratuité des transports en commun ! Et ça aussi c’est sacrément chouette.”

Dim s’endort.

Quelques années plus tard, Dim ouvre grand ses oreilles au sortir d’une belle nuit de sommeil.

Au lieu des bruits de voitures habituels, il entend les oiseaux. Cui-cui ! Et toutes les cinq minutes, une cloche. Ding-dong ! Cui-cui ! Ding-dong ! C’est le nouveau tramway qui passe. Il n’en avait encore jamais vu. Vite, vite, vite ! Il veut essayer de monter dedans ! Comme ça, il pourra rejoindre Zoé et Anna à l’arrêt d’à côté. Après avoir passé la journée à jouer à chat avec eux dans la rue où les voitures ne passent plus car tout le centre-bourg a été piétonnisé, et à s’amuser à courir entre les poteaux entre lesquels sont tendus des élastiques, des fils à linge et des rubans colorés, il va pouvoir rentrer chez lui, content d’avoir vu ses amies. Mais avant, il va s’acheter des framboises et une courgette à côté de chez lui pour manger ce soir.
Il adore les courgettes.

Dim s’endort ce soir là le ventre satisfait.

Quand Dim se réveille à nouveau, quelques années plus tard en 2030, le monde n’est plus celui qu’on connaît aujourd’hui.
Il ouvre ses grands yeux émerveillés sur les nouvelles solutions qui lui sont proposées. Ces dernières années, le modèle de sa ville a été répliqué, d’abord naturellement de proche en proche, puis accompagné par une politique publique de grande ampleur au vu des bénéfices en termes de santé, de bien-être, sur la biodiversité et le climat. Chaque centre-ville et centre-bourg propose des produits de première nécessité et même de quoi se faire plaisir et se divertir simplement. Lorsque Dim souhaite se déplacer en direction de la grande ville d’à côté, la ligne de train, qui était délaissée, a maintenant retrouvé de l’activité. Un train le matin, un autre le soir. Et cela est suffisant, il a compris que c’était assez.
Lorsqu’il arrive en ville, l’espace est réorganisé. La voiture est très peu présente et possède un espace d’évolution et d’usage limité. Les infrastructures piétonnes, cyclistes et de transports en commun prédominent et cela libère de l’espace. Les enfants jouent librement et en sécurité. Les parents échangent à proximité et se rencontrent.

Lorsque Dim souhaite rendre visite à sa grand-mère, cela est toujours occasionnel et est un peu long il faut l’avouer. Il doit enchaîner les bus, mais il prend son temps. Sa grand-mère possède toujours une voiture, elle en a ponctuellement besoin dans ce territoire reculé, mais elle l’utilise uniquement en cas de besoin. Elle n’a pas besoin de plus. Personne d’ailleurs n’a besoin de plus. Les grandes infrastructures routières sont délaissées et ne se développent plus. Le reste a pris le relais.

Dim est heureux et peut se coucher ce soir dans son lit d’enfant chez sa grand-mère.

Cette publication a un commentaire

  1. LESAGE

    Bonjour, c’est super votre histoire, et j’adhère, bien que vous parliez plus de démotorisation, -pas grand monde dans l’immeuble n’a de voiture- et aussi de covoiturage en donnant des exemples de partage de trajets.
    L’autopartage c’est le fait de ne pas avoir de voiture individuelle, et de partager des voitures à des moments différents, pour des trajets personnels.
    Donc quand la voiture est libre, on la réserve à tour de rôle, pour ses besoins individuels…
    Bien sûr on peut aussi faire du covoiturage en autopartage, ce qui est doublement gagnant, mais l’un et l’autre sont complémentaires et différents.
    Par exemple, dans votre immeuble l’ascenseur est comparable à une voiture d’autopartage.
    On attend que l’ascenseur soit libre pour monter ou descendre en ascenseur, et on peut aussi faire du covoiturage en partageant une partie du trajet en ascenseur.
    Nous autres autopartageurs rêvons d’un monde où effectivement dans un immeuble il n’y ait plus de propriétaires de voitures, mais une ou plusieurs voitures qui appartiennent à tout le quartier, qui feront de l’autopartage, du vélopartage, de la trotinette partagée, et aussi marcheront, prendront le tram, et feront aussi du covoiturage…
    Voili voilà, quelques améliorations potentielles de votre récit qui me donnent par ailleurs envie de participer à une fresque.

Laisser un commentaire